vendredi 30 novembre 2012

Le mast bumping ou cognement de mât



Un petit retour vers un des phénomènes dangereux à connaitre, à reconnaitre afin de ne pas avoir à gérer une situation stressante.

Ce phénomène est appelé le cognement de mât ou mast bumping en anglais.

Il est caractéristique des hélicoptères bipales à balancier. C’est de par leur conception que ce phénomène existe, il n’apparait donc pas sur un tripale par exemple. 

Il ne fut analysé et découvert que tardivement via l’utilisation intense des hélicoptères durant la guerre du Vietnam et vous allez rapidement comprendre pourquoi.
Quels étaient les types d’hélicoptères utilisés au Vietnam (1966-1973) ?
Des Bell UH-1 Iroquois aussi appelés Huey. Ces hélicoptères multi-usages servaient de transport de petites unités ou de matériel, d’évacuation, ou d’appui armé des soldats au sol.
Ils volaient en vol tactique, à ras du sol ou des arbres et les pilotes donnaient de grandes amplitudes dans le cyclique imposant de ce fait de grandes actions à cabrer (pour éviter arbres et obstacles) puis à piquer (dans le fond de la vallée) sans être jamais bien haut afin d’éviter d’être une cible facile pour des tireurs embusqués. Et donc des ressources importantes (action à cabrer) suivis de piqué et crash dans la foulé, sans même se faire tirer dessus. 

Énormément d’hélicoptères perdus, à cause de cette manœuvre sans comprendre pourquoi, et d’ailleurs, il ne restait malheureusement plus grand monde pour analyser les causes.
Quoiqu’il en soit, cette manœuvre d’action à cabrer puis brutalement d’action à piquer, entraine sur les hélicoptères bipales à balancier un phénomène que l’on appelle le cognement de mât.

Voyons dans le détail en quoi il consiste. L’idée encore une fois de ce post est de décrire le phénomène afin que les pilotes ne s’approchent pas des limites de la machine afin de ne pas avoir à gérer des situations difficiles. N’hésitez pas à demander à vos instructeurs pour avoir des explications de vive voix, toujours plus simple à comprendre qu’un long texte.

Que se passe-t-il ?
Il faut bien garder à l’esprit qu’en vol, la cellule de l’aéronef est « pendue » à la tête rotor. Son poids s’exerce vers le bas au niveau de la tête rotor.
Autres forces en présence : force de portance dirigées vers le haut (opposée au poids) et vers l’avant (vous êtes en translation), ainsi que la force de poussée du RAC (Rotor Anti Couple) dirigée vers la droite (elle contre le couple du rotor principal qui a tendance à faire dévier le nez de la cellule vers la droite et donc la queue vers la gauche).
Attention sur le schéma, par rapport à un R22 le rotor principal tourne dans le sens inverse donc toutes les forces sont à inverser. 

Que se passe-t-il lors après une ressource si vous pousser le manche à fond vers l’avant ?
Vous vous trouvez en état d’apesanteur (ou low G), la cellule n’est plus « portée » par la tête rotor, le poids apparent est nul (d’où l’état d’apesanteur) l’ensemble n’est plus soumis qu’à la poussée du RAC. Roulis dans le sens horaire (vue de derrière) avec une vitesse impressionnante d’environ 90°/s. 


Le reflexe, du manche cyclique à gauche !!! NON, cela va aggraver le souci. De par sa tête rotor qui est emmanchée sur le mat, le mat tourne en roulis alors que la tête rotor ne bouge pas è COGNEMENT DE MAT. 

Si on met du cyclique à gauche, on va sectionner le mat par cognements successifs et tout cela avec une vitesse de rotation du rotor d’environ 530tr/min !!
De plus, si vous avez appliqué du manche en avant, le RAC se trouve très haut, et le bout de pale viendra vraisemblablement toucher la poutre de queue…
Plus de tête rotor, plus de poutre de queue… ça fait beaucoup non !!

ACTIONS REPARATRICES, si cela est possible : « recharger » le rotor… avec du cyclique légèrement en arrière, puis ensuite corriger le roulis

ACTIONS PREVENTIVES : pas de vol acrobatique, pas d’action à piquer juste après une ressource. Attention au vol en milieu turbulent.

Un beau dessin, voire même une animation valant mieux que tous les discours du monde, quelques lien youtube :

vendredi 23 novembre 2012

Réglage du volume radio dans un hélicoptère

Bonjour,

Voici en lien vers notre page YOUTUBE HELI OXYGENE une vidéo réalisée à l'attention des pilotes avion ou hélicoptère élèves ou brevetés, sur l'utilisation et surtout le réglage de la radio VHF de bord.

La vidéo de démonstration a été réalisée sur un appareil de type hélicoptère Robinson R22, mais il en sera de même sur tout autre type d'hélicoptère (R44 par exemple) ou d'avion.

N'hésitez pas à "jouer" avec la radio pour comprendre son fonctionnement lorsque vous êtes au sol, ou en parlant avec votre instructeur... un bon réglage, et donc des soucis en moins à gérer une fois dans les airs...

bon vol à tous.

vidéo réglage radio

jeudi 22 novembre 2012

Conversion de licences FAA --> JAA

Vous avez passé toutes vos épreuves, tous vos examens de l'autre coté de la planète et vous souhaitez venir (ou revenir) voler en France à titre privé ou professionnel.
Bref, PPLH FAA ==> PPLH JAA
ou CPLH FAA ==> CPLH JAA.

Comment faire ?
Quelles sont les démarches ?

Voici un post avec les débuts de réponses.

Sur le principe c'est simple, il suffit d'avoir les minima JAA pour valider votre FAA en JAA.

Les licences FAA sont en général moins onéreuses car effectuées en moins d'heures. (il me semble qu'un pro FAA se fait en 140 hrs au lieu des 190hrs en France par exemple). Evidemment le prix du carburant ainsi que le développement de l'activité hélicoptère outre océan participent aussi à la baisse de prix globale.

Donc c'est tout "simplement" que, de retour en pays JAA, vous aurez à repasser l'ensemble des épreuves théoriques JAA (en PPL ou CPL suivant ce que vous souhaitez valider) aux normes JAR-FCL2.
Puis d'avoir le différentiel d'heures minima. (190hrs pour un CPL)
Finalement, un ré-entrainement sera obligatoire et proposé en programme à la DGAC, que vous ayez 200 hrs ou 3000, c'est la même chose pour tout le monde. Minimum 10 hrs de ré-entrainement à valider par la DGAC.

Bref, vous l'aurez compris, beaucoup de boulot et de frais !!
Alors si un conseil peut vous être donné, passez tout vos examens en France !!!! si vous souhaitez revenir un jour en Europe !

dimanche 18 novembre 2012

Le CPLH - Devenir pilote professionnel d'hélicoptère



Nous y voilà enfin, ou presque, un petit chapitre sur le métier de pilote d'hélicoptère.
Il vous faudra travailler dur pour obtenir la licence CPLH.

Qu'est-ce que le CPL-H : Commercial Pilot Licence - Helicopter
C'est le précieux sésame qui vous permet d'être payé (plus ou moins) pour voler à titre professionnel.

En effet, nous l'avons déjà vu précédemment, dans un autre post que la licence PPL-H ne permettait de voler qu'à titre de loisir. Il est illégale de se faire rémunérer ou de facturer des prestations avec une seule licence PPL. (Attention, il est possible de faire de l'instruction avec un PPL, sous réserve d'une certaine expérience et de qualifications supplémentaires).

Bref, voyons aujourd'hui comment devenir un pilote d'hélicoptère professionnel ? 

Pour intégrer un programme de formation théorique et ensuite pratique, il faudra avoir obtenu le PPLH (sauf dans le cas très particulier d'un cursus intégré).
Le PPLH en poche, vous avez environ 60hrs de vol au total avec 10 hrs de solo.
Pour intégrer le stage pratique CPLH, il faut 155 hrs de vol minimum dont 50 hrs de solo minimum.

Il va donc falloir passer par une phase que l'on appelle le "murissement" : C'est à dire, faire monter vos heures de double commande et de solos.

  • Profitez-en pour passer votre "reco DZ" ou habilitation de poser en aire exiguë. 
  • Passez votre QT R44 pour voyager à plusieurs et ainsi partager les frais de locations de l'aéronef. 
  • Et surtout, essayez de trouver un coéquipier qui souhaite lui aussi faire un CPLH, vous pourrez partir plus loin à deux, vous relayer sur les navigations, partager les frais, "jouer" avec le VOR et en percer ses secrets !!

Ça, c'est pour la partie vol.... la partie moins "fun", c'est qu'il faut aussi passer la théorie CPLH...
Nous y reviendrons plus précisément dans un autre article, mais en gros 13 certificats à valider, mais impossible de le faire en candidat libre, il faut que vous soyez présenté par un FTO chez qui vous avez suivi les cours, les exercices, et tests blancs. (HELI OXYGENE par exemple ;-)

Bref, vous faites monter vos heures jusqu'à 155 hrs mini de vol, dont 50 hrs mini de solo et vous avez validé vos 13 modules à la DGAC de CPL-H théorique. Vous êtes prêt !!!

Un programme en 35 hrs minimum de vol est prévu (généralement, c'est ce que l'on fait, 35 ou 36 hrs, cela change du PPL où le mini est à 45 hrs et que l'on fait plutôt 50 à 55hrs voire plus). Mais ne vous inquiétez pas si vous faites plus au PPLH, ce n'est pas perdu car vous en avez besoin pour le CPL.
Bref, qu'allez-vous faire pendant 35 hrs de vol. Et bien révision du PPL, les mêmes exercices de maniabilité, de navigation etc. Avec une différence notable : plus rapide, plus "secure", plus précis, bref, rien de compliqué, mais c'est un PPL+++

Le test sera plus long et se fera sur un hélicoptère avec au minimum 3 places (pilote testé, safety pilote qui assure la sécurité, et le testeur qui regarde et analyse votre vol). En général, cela se fait en R44, d'où la nécessité de la QT R44 avant d'entrer en stage CPL H pratique.

Le test s'effectue de la même manière que le PPLH. Théorie pendant un temps, pré-vol, puis navigation en CP3 , et mission autre, avec des exercices d'autorotation, panne hydraulique, VSV etc.

Le vol en CP3 ? la première partie du vol est un vol de type commercial de transport de passagers. Le CP3, est un type de vol pour lequel, en cas de panne moteur, il est impossible de continuer à voler et donc un atterrissage d'urgence sera nécessaire. Impossible de voler en race-motte au dessus de la forêt, comme pour un vol photo ou vidéo (que vous n'avez pas le droit d'effectuer pour le moment en tant que pilote PPLH).


Alarmes et voyants lumineux



Un petit cours intéressant sur les voyant lumineux... certains trouvent qu'il y en a beaucoup, il y en a juste ce qu'il faut, ne vous inquiétez pas.
A quoi ressemble de tableau de bord  d'un R22 ou R44 ?
Nous allons prendre l'exemple d'un R44, un peu plus fourni en voyants, je vous notifierai lorsque ce voyant ou cette alarme n'existe pas sur le R22.

Les procédures sont celles décrites par Robinson dans le manuel de vol (que vous devez avoir avec vous en vol, a disposition du pilote, juste au cas où, lors d'un soucis, vous prenez le temps de lire le manuel (joke !!)

Bref, selon les voyants, vous avez trois façons de gérer le soucis selon le voyant et sa gravité.

  1. Se poser dès que possible : C'est à dire, selon Robinson, rejoindre l'aérodrome le plus proche pour dépannage - cette notion peut varier selon les écoles, car il sera peut être préférable de se poser en sécurité tranquillement dans un champs plutôt qu'attendre un aérodrome qui se trouve loin et avec un risque d'une panne supplémentaire à gérer ou un aggravement de la panne. 
  2. Poser immédiat
  3. autorotation 
CLUTCH : Voyant d'activation de l'embrayage. Il se met en route lorsque vous embrayez le gros interrupteur avec le cache rouge. Mais il s'actionne aussi de temps en temps en route lorsque les courroies sont distendues. En revanche, il en vol le voyant reste allumé, c'est que cela embraye toujours, au risque de casser les 2 courroies. ==> Si le voyant s'allume, compter 7 secondes maximum, si le voyant reste allumé après les 7 secondes, tirer le breaker rouge "Clutch", réchauff Carbu à tirer et réduire sa vitesse, posé immédiat en approche à vitesse constante 60 kts si possible, sinon moins, attention où vous vous posez.

MR TEMP : température excessive du "Main Rotor", c'est à dire de la BTP. Tiens demandez à votre instructeur où se trouve le capteur de température de BTP, toujours bon à savoir.... Si cela s'allume c'est que la BTP chauffe de trop !! baisse d'huile ? ou autre chose ? poser l'hélicoptère dès que possible. Si vous vous posez en campagne, approche à plan moyen en réduction de vitesse. (ne vous posez pas trop loin d'un village pour appeler à l'aide..)

MR CHIP : Limaille dans la BTP : idem que pour le MR Temp : demandez à votre FI où cela se trouve ... au point bas de la BTP. S'il y a de la limaille c'est que la lubrification est moins efficace où que les engrenages s'usent de façon excessive. ==> posé dès que possible.

CARBON MONOXIDE :  présence de monoxyde de carbone dans la cellule. Le voyant doit clignoter 2 fois lorsque vous mettez la batterie sur "ON". Aérez la cabine à fond, fermez la ventillation mécanique ainsi que l'arrivée de chaleur. Si vous avez des nausées, maux de tête, atterrissage immédiat.

STARTER ON : il s'allume lorsque vous démarrez, si après le démarrage il continue, alors risque de surchauffe du circuit ce qui peut entraîner un incendie électrique ! couper le système dès que possible en tirant la richesse et positionner le démarreur sur OFF.

TR CHIP : Tail Rotor Chip : c'est à dire limaille de fer dans la BTA ( boite de transmission arrière) - même procédure que pour le MR chip.

LOW FUEL : bas niveau de carburant. sur un R22, il reste environ 5 min de vol et en R44 environ 10 min de vol. Ca va vite, très vite, et encore c'est de la théorie. ==> Posez-vous immédiatement, sans inclinaisons brusques de l'appareil sur un chemin, un champ !

LOW RPM : alarme de bas régime rotor : ==> autorotation, vous n'avez que quelques secondes (enfin, je pourrais mettre cela au singulier plutôt qu'au pluriel) pour réagir. Je vous laisse voir dans le manuel de vol du R22 ou du R44 les plages acceptables de tachy Rotor.... l'alarme sonne à 97%. Je vous laisse voir avec votre Flight Instructor (FI) préféré, où se trouve le détecteur du tachy Low RPM.

FUEL FILTER : Spécifique au R44. Filtre à carburant probablement encrassé. finir le vol normalement si pas d'autre alarme (de type AUX FUEL PUMP) et si pas de vibrations, mouvement erratiques.

AUX FUEL PUMP : pompe auxiliaire , spécifique au R44, même procédure que pour le FUEL FILTER.

ALT : panne de l'alternateur qui ne recharge plus ou mal la batterie et n'alimente plus suffisamment les consommables électriques. Tension anormalement basse. Couper l'interrupteur et le remettre en marche. Si toujours l'alarme, alors en notifier à la radio le service avec lequel vous êtes en contact et couper tous les consommables électriques possibles : Xder / nav light / strobe etc.... même la radio, ... qu'il faudra remettre en route plus tard pour se poser. Vous avez environ 30 min d'autonomie de batterie dans ce cas.

ENG FIRE : spécifique R44 : feu moteur.... ==> autorotation : attention dans le R44, il s'agit d'un détecteur de chaleur proche du planché mécanique, c'est peut être une surchauffe anormale sans pour autant être un réel feu, alors si vous pouvez identifier qu'il s'agisse bien d'un feu (fumée, demande aux autres aéronefs), mais bon autorotation quoi qu'il en soit c'est le plus simple et "secure".

OIL : Baisse de pression d'huile (tiens, où se trouve le capteur de pression d'huile et de niveau d'huile ?) doit être confirmée par les indicateurs "aiguilles" de température et de pression d'huile. Atterrir immédiatement.

GOV OFF : Governor sur OFF. ce n'est pas une alarme mais un témoin lumineux qui indique que le governor est en position OFF. Il est aujourd'hui recommandé par Robinson de laisser toujours le GOV sur "ON" et de ne jamais l'éteindre pour les arrêts moteurs et mises en route. Si vous détectez des mouvements de lacet de la cellule, c'est peut être le GOV qui ne fonctionne plus, alors vous basculez le switch sur OFF, et vous gérez les tours à la main.

BRAKE : voyant lumineux d'action sur le frein rotor. Lorsque le voyant "clutch" est éteind, alors appliquez une pression sur le frein pour stopper plus rapidement le rotor. ATTENTION pas de pression trop importante, le poids du bras est suffisant. Pourquoi pas le relâcher de temps à autre pour freiner de nouveau par la suite.

pour le détail des procédures en elles-mêmes, je vous laisse voir cela avec attention auprès de votre instructeur...

Bon vol à tous